C'est un peu par hasard que l'illustrateur publie en 1905 une première histoire de Bécassine dans la revue La Semaine de Suzette, écrite par sa directrice, Jacqueline Rivière. Il est né à Amiens en 1871, mais c'est à Claroix, où sa famille s'est installée vingt ans plus tard, qu'il se passionne pour la chasse à courre et commence à peindre des chevaux et des chiens.
Un auteur prolifique mais oublié
Dans la commune de l'Oise, toutefois, ses traces sont rares. Il y a la maison de famille, le Clos de l'Aronde, aujourd'hui la mairie du village, et cette fresque animalière qui orne l'église. "On ne lui connaît pas de descendant, souligne Rémi Duvert, de l'association Art, Histoire et Patrimoine de Clairoix. A la mort de sa femme, les oeuvres de Pinchon ont été dispersées. On n'a pas de catalogue de ses oeuvres non plus. Pour moi, ça explique pourquoi il n'est pas très connu."
Son trait, pourtant, a durablement marqué l'histoire de la bande-dessinée franco-belge. Hergé, entre autres, ne s'est pas caché d'avoir puisé son inspiration dans les 1500 personnages créés par le Picard. "On croirait presque que c'est un film quand on voit les images à la suite, souligne Michèle Konakosky, illustratrice et admiratrice de son oeuvre. C'est une prise de gestes, de mouvements, qui ne durent qu'un quart de seconde. Il arrive à les croquer en dessin de manière très simple si bien qu'on peut les comprendre très très facilement."
Si Joseph Porphyre Pinchon ne revendiquera jamais ses racines picardes, l'association clairoisienne met tout en œuvre pour réhabiliter la mémoire du père de la petite cousine bretonne. Un pas dans ce sens est franchi avec le long-métrage sorti cette semaine : face à la levée de boucliers générée par son film, Bruno Podalydès a tenu à rappeler que la première héroïne de bande dessinée est présentée... Dans une robe picarde.